Ziguinchor, 5 août (APS) – L’ONG Cause première, basée à Ziguinchor, a vivement dénoncé vendredi le développement de la prostitution clandestine dans les régions de Kolda et de Ziguinchor. S’exprimant lors d’une conférence de presse portant sur le sujet, le président de cette organisation qui œuvre notamment dans le domaine de la réinsertion des familles pauvres, Lamine Bandine a en effet dressé un constat, on ne peut plus amer. La prostitution clandestine difficilement abordée et abordable, ce sujet de par son caractère (…) tabou, est en train de remettre en cause silencieusement mais de manière grave les valeurs de la Casamance. Des valeurs qui ont toujours donné à la Casamance, une image positive mais qui sont en train de s’envoler sous nos yeux, a-t-il dit. M. Bandine a expliqué l’essor que connaît la prostitution clandestine par la crise que traverse la Casamance, depuis plus de vingt ans, estimant que le conflit a accentué la pauvreté au niveau des familles. La prostitution clandestine à Ziguinchor et Kolda est aujourd’hui pratiquée à tous les niveaux (vendeuses ambulantes dans les services, les entreprises, les chantiers, les gare-routières), a-t-il souligné, non sans insister sur les dangers d’une telle pratique qui se fait souvent sans aucune mesure de protection.
Mais le plus inquiétant, c’est que les collégiennes et lycéennes et même des femmes mariées ou tout bonnement des filles qui donnent une apparence de vie aisée, s’adonnent de plus en plus à cette pratique, a-t-il ajouté. A cet égard, il a indiqué que le phénomène connaît un développement particulièrement préoccupant chez les collégiennes et les lycéennes. Les chiffres recueillis à cet effet sont encore très partiels en ce sens que le recensement des personnes qui se livrent à cette pratique ne fait que commencer, mais ils n’en donnent pas moins une idée de l’ampleur du phénomène. Cause première a également pointé du doigt le proxénétisme des parents et surtout des mères de famille qui poussent leurs filles à cette pratique (…).
Ainsi, explique l’ONG, le développement de la prostitution clandestine est responsable des nombreux avortements clandestins et des cas d’infanticides signalés un peu partout en Casamance et notamment dans les centres urbains. De la même façon, ce phénomène explique aussi en partie le taux élevé du SIDA dans la région. La situation est davantage compliquée par le fait que les employées de maison dont la plupart sont des filles déplacées, sont de plus en plus nombreuses à céder à la tentation. M. Bandine a expliqué que ces filles sont très exposées et exclues et leur métier ne figurent même pas dans le répertoire de la Chambre des métiers du Sénégal. L’organisation reste convaincue que les migrations, l’analphabétisme des femmes, la destruction des valeurs morales et culturelles, l’exploitation des femmes par les hommes, l’oisiveté des jeunes sont autant de facteurs qui expliquent le caractère clandestin de cette pratique. C’est la raison pour laquelle elle estime qu’il est nécessaire de considérer comme un groupe économiquement et sexuellement vulnérable, les filles qui vendent leur chair de cette façon. Certains observateurs paraissent cependant sceptiques sur l’ampleur du phénomène tel que décrit par l’organisation.
Quoi qu’il en soit, Cause première n’entend pas s’arrêter en bon chemin dans sa croisade. Après la campagne de sensibilisation médiatique qu’elle vient de démarrer, elle envisage d’organiser un festival auquel seront conviés des pays africains, dont l’Algérie. A terme, l’organisation entend notamment parvenir à la mise en place d’un centre d’assistance et de professionnalisation des employés de maison. ASG/SAB